BAÏBARS

BAÏBARS
BAÏBARS

Baïbars (ou Baybars) Ier, al-Malik al- ベ hir Rukn al-d 稜n al- プ li ム 稜, fut le quatrième sultan des Mamlouks Ba ムrides. Ce dernier qualificatif, dérivé de ba ムr , est appliqué au Nil, les premiers esclaves turcs achetés par le sultan ayy bide al-Malik al- プ li ム ayant été casernés dans une île au milieu du fleuve, au sud du Caire. Le nom de sultan, dans sa seconde partie, bars , signifie «fauve», et le souverain fit sculpter sur divers ouvrages d’art, sur des ponts notamment, en Égypte et en Syrie, ses armes parlantes, un fauve, qu’on retrouve aussi sur ses monnaies.

L’ascension au sultanat

Baïbars fut incorporé au nouveau contingent turc créé par Malik プali ム et conquit rapidement son brevet d’officier. C’est à ce titre qu’il participa héroïquement à la bataille de Man ル ra, et c’est lui qui mit fin par un sauvage assassinat au règne de T r nsh h, en 1250, sous les yeux du roi de France Louis IX, terrifié. Dix ans plus tard, le jeune officier, alors âgé de trente-cinq ans, devait se rendre coupable d’un meurtre aussi odieux: le troisième sultan mamlouk, バu レuz, venait, par la brillante victoire de ‘Ayn Dj l t, en Palestine, de débarrasser la Syrie des hordes mongoles. Baïbars avait combattu à l’avant-garde, mais il prit la tête d’un complot contre son prince, qui fut mis à mort avec sa participation. Ce crime ne porta aucun tort à la popularité de Baïbars, puisqu’il fut proclamé sultan sur place, sans protestation, le 23 octobre 1260.

Sur ce chapitre on ne peut formuler une approbation, mais le jugement de l’historien doit tenir compte des circonstances et surtout du milieu. Baïbars appartenait à cette classe d’anciens esclaves qui ignoraient tout de leur propre famille et n’eurent jamais l’occasion de se souvenir d’une marque de tendresse. L’ambiance générale dans le monde musulman d’alors était saturée de cruauté, et Baïbars n’y a pas échappé. On aura trop souvent la possibilité de constater, en passant en revue le gouvernement oligarchique des sultans mamlouks, que l’exemple de cette double révolution de palais fut fréquemment suivi.

Au moment de son entrée dans l’histoire, Baïbars s’est donc rendu coupable de deux crimes: seuls les fastes glorieux du monarque effaceront les perfidies de l’officier.

L’homme politique

Dans une sorte de discours-programme, Baïbars, qui passe à la postérité comme un grand constructeur, énonce ses farouches décisions: «Ne manquez pas de veiller sur les places frontières avec zèle. Aucune de ces forteresses ne réclame plus de soins que les villes situées près du rivage de la mer, que les ennemis observent et convoitent perpétuellement.» Mais ces précautions militaires ne lui paraissaient pas suffisantes. Il fallait être informé rapidement et pouvoir envoyer des ordres avec célérité. Baïbars crée un service postal régulier: deux fois par semaine, il reçoit des renseignements de toutes les parties de l’empire. Les nouvelles plus urgentes étaient transmises par pigeons, elles étaient remises sans délai. Il arriva au sultan d’en prendre connaissance dans une nudité presque complète: une telle mise en scène tendait à accroître le zèle des fonctionnaires.

Sa conduite est dictée par une volonté de fer: il constitue en Égypte un gouvernement fort par la suppression des derniers restes des principautés ayy bides et ainsi il annihile toutes les velléités d’indépendance; enfin, pour que la politique musulmane conserve son prestige, il accueille un rejeton des califes ‘abb sides de Bagdad, dont le dernier avait été mis à mort par H l g en 1258. Ce fut un trait de génie, bien que le titre fût alors dépourvu de prestige. Mais le geste de Baïbars n’est pas purement spirituel, car le souverain en a prévu la conséquence immédiate et tangible, la suzeraineté sur le ネidj z. Dans le même ordre d’idées, Baïbars fit preuve d’une très grande activité: il fait restaurer la mosquée de Médine, envoie une clef pour la porte de la Ka‘ba, et enfin fait réciter le prône à son nom à La Mecque. Il s’octroie en outre le monopole de l’envoi annuel du voile qui recouvre le Temple de la ville sainte. C’est grâce à ces gestes que le royaume des Mamlouks s’intitula dans les pièces officielles «l’empire islamique».

Le guerrier

Les dix-sept années du règne de Baïbars se soldent par un total de trente-six campagnes. Sur les neuf batailles engagées contre les Mongols, une seule, la dernière, est due à l’initiative du sultan, les autres pouvant être considérées comme des contre-attaques. Il y eut cinq engagements contre la Petite Arménie; et les sectaires ismaïliens, autrement dits les Assassins, subirent trois assauts. Aux Francs, les plus malmenés, les troupes égyptiennes infligèrent vingt et une défaites. Sa politique est donc d’une clarté limpide, et ses actions militaires se sont exercées d’une manière impitoyable contre tous les ennemis qui mettent en danger l’existence de l’empire.

L’activité guerrière du sultan ne se manifeste pas seulement par les ordres qu’il donne: de sa personne, il assume le commandement dans quinze batailles, ne craignant pas, lorsque cela est nécessaire, d’exposer sa vie. Quelques chiffres donneront une idée des pérégrinations de Baïbars: il ne paraît pas avoir séjourné dans sa capitale du Caire plus de la moitié des journées de son règne; il en est sorti vingt-six fois et a certainement parcouru plus de quarante mille kilomètres. Ses marches forcées, inopinées, rapides, n’excluent pas la méthode: chaque pouce de territoire enlevé est immédiatement mis en état de défense, hérissé de murailles. Il ne démolit que les ports, parce qu’il n’avait pas la maîtrise de la mer.

Aux croisés, il fit donc une guerre sans merci. En 1262, le sultan se rend à Alep, tâte les Francs dans la région d’Antioche et finit la campagne à Damas. En 1264, des préparatifs sont activement poussés et une armée formidable est mise sur pied. En 1265, il prélude par les prises de Césarée, d’‘Athl 稜th, de ネayf et d’Ars f. L’année suivante, il lève une nouvelle armée, part pour Hébron, puis pour Jérusalem, et, pendant que des troupes harcèlent les croisés sur toute la côte, Baïbars emporte プafad, puis rentre à Damas, où il prépare l’expédition contre la Petite Arménie, qui se termine par le sac de S 稜s. L’année 1268 voit la prise de Jaffa, de Shakif Arnun et d’Antioche. En 1271, Baïbars repart pour la Syrie, enlève Safitha, Hisn al-Akrad – le fameux krak des Chevaliers – et ‘Akk r.

On peut mesurer les pertes territoriales du royaume franc à la mort de Baïbars. La principauté d’Antioche n’existe virtuellement plus. Au sud, la frontière égyptienne a été portée de Jaffa à Acre. Dans l’ensemble, les croisés ne possèdent plus qu’une étroite bande de littoral, tandis que les Mamlouks tiennent toutes les crêtes. C’est bien la fin du royaume latin: il n’aura plus que vingt ans d’existence.

Évidemment Baïbars a bénéficié d’un État centralisé, qu’il a contribué à créer; il possède une armée permanente dont il est le chef incontesté; enfant trouvé, comme tous les mamlouks, il n’est pas encombré, comme la famille ayy bide, de parents qui le harcèlent de récriminations. C’est vraiment un homme représentatif: sans lui, l’histoire de l’Égypte se serait déroulée autrement.

Ses proclamations sont des chefs-d’œuvre de psychologie, et montrent de quelle manière il tenait ses hommes en haleine. On peut en citer une, sculptée sur les murs de la Grande Mosquée de Ramleh, en Palestine, et datée de l’année 1268: «Il mit le siège devant le marché de Jaffa dans la matinée et l’emporta, avec la permission de Dieu, la troisième heure de ce jour.» Mais il convient de rappeler des documents plus confidentiels, tel ce bulletin de victoire adressé à certains de ses généraux qui n’avaient pas assisté au dernier fait d’armes, où il mandait: «Nous vous relatons les événements qui viennent de se passer, de manière qu’on pourra croire que vous en avez été témoins oculaires et que vous nous avez accompagné dans la plupart des expéditions.»

Tragique fin de règne

Ce règne prodigieux, au cours duquel Baïbars entreprit et réussit des actions mémorables, représente une leçon d’énergie et concourt à un redressement politique inattendu. Le sultan Baïbars donne l’impression, en dehors de son invraisemblable activité qui se mesure par des faits et par des dates, d’un homme qui domine les événements avec un optimisme imperturbable. Il fut toujours obéi, semble-t-il, sans opposition; d’ailleurs ses officiers sentaient bien qu’ils n’avaient pas à plaisanter quand ils recevaient un ordre, car, dans des circonstances particulièrement délicates, quand il fallait prêcher d’exemple, le sultan mettait lui-même la main à la pâte, et joyeusement.

Les entreprises de Baïbars firent entrer ce guerrier, de son vivant, dans la légende. Les conteurs, plus tard, donnèrent un pâle reflet du personnage. Sa vie ne fut-elle pas un extraordinaire roman d’aventures, où l’intérêt ne faiblit pas un seul instant? Son dernier meurtre lui fut fatal: Baïbars rentrait d’une campagne en Asie Mineure, et c’est alors qu’à Damas il fit empoisonner un prince ayy bide; mais, par une méprise de son échanson, le sultan but dans la même coupe que sa victime et mourut avec elle, le 30 juin 1277. Ainsi, la mort du héros – le dernier crime! – est d’un romanesque tragique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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